Toulouse continue de panser ses plaies, au lendemain de la cérémonie d’hommage national aux victimes à la cathédrale Saint-Étienne et se prépare aux suites judiciaires de l’explosion de l’usine chimique AZF (groupe TotalFinaElf). Accident, acte de malveillance, attentat terroriste ? Une semaine jour pour jour après la catastrophe, le doute persiste, et les mystères soulevés par Le Figaro dès son édition du lundi 24 septembre ne cessent de s’épaissir. L’hypothèse privilégiée par le procureur d’un accident lié à des « négligences » a attisé les ressentiments des victimes qui multiplient les plaintes contre l’industriel. L’ouverture d’une information judiciaire est attendue aujourd’hui, tandis que le collectif «Plus Jamais Ça» a appelé les Toulousains à une nouvelle manifestation samedi après-midi contre la présence des usines à risques en pleine agglomération. Le débat sur la sécurité de ces usines chimiques a été attisé jeudi matin avec l’annonce par La Dépêche du Midi d’une intrusion réussie de deux de ses journalistes sur le site voisin de la Société nationale des poudres et explosifs (SNPE) dans la nuit de mardi à mercredi.
Les déclarations catégoriques du procureur de Toulouse, Guy Bréard, déclarant lundi qu’«il y avait 99% de chances que ce soit un accident», en excluant «formellement» la piste d’«un attentat organisé par un groupe» n’ont pas eu pour seule conséquence de monter les victimes contre TotalFinaElf. Elles ont aussi suscité des critiques, jusque dans les milieux proches de l’enquête : «Si on était sûr à 99%, des gens seraient déjà en garde en vue ou mis en examen», lâche un policier. A aucun moment le magistrat ne fait mention d’une détonation ou d’un incendie préalable, comme ce fut le cas lors de la dizaine de catastrophes de cette ampleur survenues depuis 1921. Si par un enchaînement de circonstances exceptionnelles, la thèse et le scénario de l’accident mis en avant par le procureur se révèlent justes, le drame de Toulouse sera en tout cas une première d’un strict point de vue scientifique, comme en témoigne notre enquête auprès des meilleurs experts.
Entre ceux qui ont intérêt à la thèse de l’accident – pouvoirs publics en tête, dans le contexte de psychose créé par les attentats du 11 septembre aux ÉtatsUnis – et ceux que l’acte terroriste ou de malveillance «arrangerait» – les responsables locaux comme le groupe TotalElfFina –, la manifestation de la vérité ne sera pas une sinécure. Elle n’est pas seulement attendue à Toulouse : les millions de Français qui vivent à côté de sites industriels à risques veulent savoir ce qui s’est réellement passé dans la Ville rose, le vendredi 21 septembre vers 10 h 15 du matin. Le groupe socialiste à l’Assemblée nationale proposera la création d’une commission d’enquête parlementaire sur les risques technologiques, a annoncé hier son président, Jean-Marc Ayrault, relayant la même demande exprimée par les présidents des groupes RPR, UDF et DL de l’Assemblée mardi.
Aujourd’hui, alors que Lionel Jospin se rend à Toulouse entouré de cinq ministres pour détailler les montants et la nature de l’aide de l’État, le premier ministre devra sans doute clarifier la position du gouvernement sur la situation des sites à risques en France. Hier, Philippe Douste-Blazy s’est montré impatient de connaître ce point de vue, tant sur «les risques industriels en zone Seveso en général, que sur le pôle chimique toulousain en particulier». Le maire de Toulouse ne souhaite pas que l’usine qui a explosé soit un jour reconstruite. Rappelant en outre, que deux usines – la SNPE et Tolochimie – sont encore intactes et continuent à travailler, et soulignant que l’État est compétent en la matière, le maire de Toulouse a réclamé à Lionel Jospin « une explication crédible sur les causes de l’explosion » de l’usine AZF.
Marc Menessier
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